Coronavirus, l’épidémie à nos portes par Pascale Lorette


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L’année 2020, qui se termine tout doucement, nous a amené son lot de surprises, bonnes et mauvaises. L’apparition du coronavirus nous a confronté à la maladie, au danger et à la mort.

Je me souviens, dans les années 80 et 90, le Sida a marqué toute ma génération. Les relations sexuelles étaient associées à la mort possible, puisqu’elles pouvaient amener le sida, alors que, pour les générations précédentes, faire l’amour était associé à la vie, à cause du risque de grossesse.

Cependant, il était tout à fait possible de nous protéger efficacement du Sida. Le danger ne nous touchait pas tous de la même manière.

Par contre, le coronavirus nous touche tous, jeunes et vieux, et cette fragilité nous angoisse fortement. Cela nous affecte dans nos relations et dans notre vie quotidienne. Nous avons dû apprendre à vivre avec et à accepter cette peur constante pour nos proches et pour nous-mêmes.

Ce climat anxiogène nous a amenés à vivre « autrement ». Notre rapport à la vie et notre rapport à la mort ont désormais changé. Le confinement nous a limité dans nos habitudes, nos plaisirs, nos relations, notre travail. Comment allions-nous pouvoir nous occuper, nous étourdir pour oublier cette angoisse alors que nous étions tous bloqués à la maison ?

Nous avons donc été confrontés à nous-mêmes et, pour certains, ce fut une découverte.

Se redécouvrir, redécouvrir son quotidien, découvrir une autre façon de vivre et d’interagir avec autrui.

C’est là que j’admire la capacité humaine d’adaptation, notamment en renforçant les liens familiaux et amicaux. Et en mettant en place un système basé sur l’entraide et la solidarité.

Durant cette période d’isolement très éprouvante, beaucoup de mouvements de solidarité sont nés, entre membres d’une même famille, entre amis, collègues, voisins et même entre inconnus.

Je citerai le cas d’une maman  isolée avec son bébé, qui a pu compter sur ses voisins pour faire ses courses au supermarché chaque semaine, aller à la pharmacie, pendant plusieurs mois.

Des groupes d’entraide sont nés sur Facebook et ailleurs, pour soutenir les personnes en difficulté.

Et pour briser la solitude aussi. Je me souviens de tous ces merveilleux enfants venus avec leurs beaux dessins colorés, dans un home pour personnes âgées. Ils les ont tous collés aux fenêtres extérieures, dessins dirigés vers les habitants du home avec de beaux messages.

Pensons aussi à ceux qui ont partagé leurs passions gratuitement sur le net : des séances de sport, des films, des livres, des concerts, des pièces de théâtre, et encore bien d’autres choses ont ainsi été offerts au public.

Je pense à l’écrivain Cédric Sire qui a mis en ligne gratuitement trois de ses romans.

Et, je citerai également, ces moments magiques, chaque soir, à 20h, dans toute la Belgique, quand nous nous retrouvions aux fenêtres ou sur nos terrasses pour applaudir le personnel soignant.

Quel beau partage, quelle émotion !

Certains ont  découvert leurs voisins et de belles amitiés sont nées.

Quant à nos proches que nous ne pouvions plus rencontrer, nous avons partager avec eux, grâce  à Internet, aux What’sApp et autres plates-formes.

Certains ont changé leur façon de travailler, je pense notamment aux enseignants qui ont donné cours en visioconferences.

Nous avons donc appris à dépasser cette quarantaine et ces restrictions, en réussissant à conserver la communication et les, relations qui nous lient.

L’être humain a des ressources et, s’il est capable du pire, il est aussi capable du meilleur. Et cela redonne foi en la vie et en l’homme.

Cependant, il ne faudra pas minimiser les répercussions psychologiques de cette pandémie, qui persisteront après la disparition du coronavirus. Il en restera des séquelles, notamment une certaine anxiété et de la dépression. Nous devrons donc mettre en place de nouvelles habitudes et garder des plaisirs et des moments pour soi, afin de se ressourcer. Afin d’avancer.

Sans oublier la communication :  parler, partager, c’est thérapeutique, et cela nous permet d’être soutenus émotionnellement et nous aide à évacuer nos angoisses.

Voilà, j’arrive au bout de mon monologue. Il me tenait à cœur de parler de cette situation subie en 2020, en espérant que 2021 nous permettra de reprendre notre vie d’avant, même si celle-ci ne sera plus tout à fait la même.

Avoir pris conscience de notre grande fragilité nous a fait changer notre façon de voir les choses. Il nous faudra désormais reprendre espoir et regagner confiance en la vie.

C’est la tâche essentielle qui nous est maintenant assignée. A nous donc de la mener à bien …

Et pour terminer, je citerai Andrée Chedid : « Oser encore recourir à l’espoir. Oser encore porter l’instant et le rendre à lui-même. Répondre quel qu’il soit au baiser de la terre, vouloir ce plus loin dont on ne sait le nom ».

I should also mention those magical moments, every evening at 8 p.m., throughout Belgium, when we would meet at our windows or on our terraces to applaud healthcare workers. What beautiful sharing, what emotion!

Pascale Lorette
Coronavirus, the epidemic at our doorstep

Translation from the French by Pascale Lorette:

Coronavirus, the Epidemic at Our Doorstep by Pascale Lorette

The year 2020, which is slowly coming to an end, has brought us its share of surprises, both good and bad. The emergence of the coronavirus has brought us face to face with disease, danger and death.

I remember, in the 80s and 90s, AIDS marked my whole generation. Sexual relations were associated with possible death, since they could lead to AIDS, whereas for previous generations, making love was associated with life, because of the risk of pregnancy.

However, it was possible to protect ourselves effectively from AIDS. The danger did not affect us all in the same way.

On the other hand, the coronavirus affects us all, young and old, and this fragility makes us very anxious. It affects us in our relationships and in our daily lives. We have had to learn to live with and accept this constant fear for our loved ones and for ourselves.

This anxiety-provoking climate has led us to live “differently.” Our relationship to life and death has changed.

Sheltering in place limited us in our habits, our pleasures, our relationships, our work. How were we to occupy ourselves, distract ourselves, to forget this anxiety when we were all stuck at home?

We were confronted with ourselves and, for some, it was a discovery.

Rediscovering ourselves, rediscovering our daily lives, discovering other ways of living and interacting with others.

This is where I admire the human capacity to adapt, particularly by strengthening family and friendship ties. And by setting up systems based on mutual aid and solidarity.

During this very trying period of isolation, many solidarity movements were born, between members of the same family, between friends, colleagues, neighbours and even between strangers.

I will cite the case of a self-isolated mother and her baby. She was able to count on her neighbours to do her shopping at the supermarket every week, to go to the pharmacy, for several months.

Self-help groups were set up on Facebook and elsewhere to support people in difficulty.

And to ease the loneliness too. I remember all these wonderful children who came with their beautiful, colourful drawings to a home for the elderly. They stuck them all on the outside windows, drawings with beautiful messages directed towards the inhabitants of the home.

Let’s also remember those who shared their passions for free on the internet: sports sessions, films, books, concerts, plays, and much more were offered to the public.

I am thinking of the writer Cédric Sire who shared three of his novels online, for free.

And, I should also mention those magical moments, every evening at 8 p.m., throughout Belgium, when we would meet at our windows or on our terraces to applaud healthcare workers.

What beautiful sharing, what emotion!

Some discovered their neighbours and beautiful friendships were born.

As for our relatives whom we could no longer meet, we connected with them, thanks to the internet, WhatsApp and other platforms.

Some people changed their way of working. I am thinking in particular of teachers who gave lessons via videoconferencing.

So we have learned to overcome quarantines and their restrictions, managing to maintain the communication and relationships that bind us together.

Human beings have resources and if they are capable of the worst, they are also capable of the best. And this restores our faith in life and in mankind.

However, the psychological repercussions of this pandemic, which will persist after the disappearance of the coronavirus, should not be underestimated. There will be after-effects, including anxiety and depression. We will, therefore, have to establish new habits and cherish small pleasures and private moments to recharge our batteries and move forward.

Let’s not forget the importance of communication: talking and sharing are therapeutic, they allow us to be supported emotionally and help us get rid of our anxieties.

That’s it, I’ve come to the end of my monologue. It was important to me to talk about this situation in 2020, in the hope that 2021 will allow us to resume life as it was before, even if it won’t be quite the same.

Becoming aware of our great fragility has made us change our way of seeing things. From now on, we will have to regain hope and confidence in life.

This is the essential task assigned to us now. It is up to us to carry it out…

And to conclude, I will quote Andrée Chedid: “Dare to still have recourse to hope. Dare again to hold the moment and return it to itself. To respond to the kiss of the earth whatever that may be, to want that farthest thing whose name we don’t know.”

Artwork by Sam Sam
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